Hier soir, j’ai vécu une expérience inédite et dégusté un plat extraordinaire d’une origine singulière s’il en est. Avancer que ce plat et son créateur ont radicalement changé l’idée que je me faisais de la grande cuisine serait peu dire. Ils m’ont bouleversé au plus profond de mon être. Je n’ai jamais fait mystère du mépris que m’inspirait la devise d’Auguste Gusteau : « Tout le monde peut cuisiner ».
Mais ce n’est qu’aujourd’hui, aujourd’hui seulement que je comprends vraiment ce qu’il voulait dire. Tout le monde ne peut pas devenir un grand artiste. Mais un grand artiste peut surgir n’importe où. Il est difficile d’imaginer origine plus modeste que celle du génie qui officie maintenant chez Gusteau et qui est à nos yeux rien moins que le plus grand cuisinier de France. Je retournerai bientôt chez Gusteau, plus affamé que jamais.
Anton Ego
Au moment de prendre la plume, je ne peux m’empêcher de penser à cette célèbre citation (tronquée) du film “Ratatouille”, dans laquelle le critique gastronomique Anton Ego, d’ordinaire si acerbe, relate cette expérience si surprenante qu’elle a émotionnellement bouleversé le célèbre critique et ébranlé ses certitudes. Ego le bien nommé pensait pourtant tout savoir sur l’univers de la gastronomie …
Après ces quelques années passées à partager mes avis sur l’actualité de Disneyland Paris et ses aléas, et tout égo mis de côté, je pensais moi aussi avoir une idée assez précise de ce qu’est l’expérience Disney ; je croyais connaître plutôt bien la recette et les ingrédients de cette douce émulsion que l’on appelle la Magie Disney.
L’épidémie de CoVid19 est venue changer la donne. Pas de Disney Stars On Parade, pas d’Illumination, pas d’étreinte lors des Meet and Greet, devenu des rencontres distantes pour selfies. Le “plus beau des parcs Disney” s’est vu affublé de plaques de plexiglas dans ses files d’attente. Et les visages des visiteurs comme des Cast Members restent dissimulé derrière un masque que l’on garde à l’intérieur comme à l’extérieur.
Une visite courant août m’a offert sur un plateau d’argent une surprise digne de celle d’Ego, ni plus ni moins. La capacité d’adaptation dont a fait preuve Disneyland Paris pour s’adapter à cette situation inédite et quasiment rédhibitoire est admirable : la Magie est bien là. Les 4 clefs Disney brillent de leur plus bel éclat : la Sécurité se distingue avec la foison de distributeurs de gel hydroalcoolique, les plaques de Plexiglas et les marques au sol permettant la distanciation.
Le Spectacle paradoxalement brille également, puisque des rencontres à distance avec les personnages ont été créées en plusieurs endroits et divers moments de la journée ; en outre, les attractions sont en très grande forme, aucun des nombreux effets ne semblait en panne dans Pirates, ce qui est remarquable. Les deux évocations de Sécurité et de Spectacle montrent que l’Efficacité est bien là et qu’un travail important a été fait en amont de la réouverture. Petite apparté sur l’Efficacité : la nouvelle organisation des buffets est totalement satisfaisante, qualitative, et de l’aveu d’un serveur, beaucoup moins de nourriture est jetée.
La dernière clef à évoquer, et non la moindre, c’est celle qui est si chère à Daniel Delcourt depuis plusieurs années : la Courtoisie. Malgré un contexte inhabituel, peut-être anxiogène pour certains d’entre eux, et un masque qu’il a fallu porter en permanence malgré quelques épisodes de fortes chaleurs, les Cast Members – de ce que j’ai pu constater et entendre – ont fait un travail exceptionnel et irréprochable pour faire vivre la Magie dans des conditions elles-mêmes exceptionnelles, avec le sourire aux lèvres, parfaitement perceptible à défaut d’être totalement visible.
Le travail des équipes de Disneyland Paris a permis de relever avec brio le défi colossal et inédit de la réouverture dans le contexte de l’épidémie de CoVid19. Durant ces deux journées (non-consécutives), j’ai eu la très nette impression que chaque Cast Member se sentait responsable de la réussite de cette subtile recette collective qu’on appelle la Magie Disney. Pas un n’a banalisé, ni négligé. Pour paraphraser Anton Ego, j’ai probablement mieux compris ce concept de Magie. Ce n’est pas l’oeuvre d’un seul grand artiste, mais plutôt une oeuvre collective où chaque Cast Member apporte sa touche personnelle, quelque soit sa fonction, quelques soient les difficultés. Car, quoi qu’on en pense, et quoi qu’ils en disent, il n’y a pas de Magie … sans eux.
J’ai hâte de retourner à Disneyland Paris.